L’imaginaire est la clef dans la serrure du temps. Introduite à l’instant précis où le destin l’autorise, elle parvient à ouvrir la conscience à tous les possibles. Sous le faisceau du regard un monde fantastique s’anime et prend couleur. Il a la saveur des jours cerise.
*
J’accroche une échelle de fleurs dans mon arbre
c’est pour toutes les pensées étrangères avant qu’elles ne deviennent l’âme infidèle
Mon guide m’accompagne et puis m’abandonne car c’est à moi de compter les noyaux – après la chair
Aucune roche n’est imprenable l’esprit pénètre par les fissures comme l’eau – mon enfant comme l’eau s’infiltre
Le bonheur s’acclimate il s’affirme en grimpant du plus bas de la peur et se hisse jusqu’au panache de lumière sans qu’aucune fleur ne se ferme et sans que tu ne lâches ton rêve
*
La petite fille ne sait pas qu’elle est née princesse pas plus que le coquelicot ne perçoit son propre éclat et je raconte des histoires qui dans mon coeur forment mantra dans l’ose ange de mon esprit . _____Je . coeur____berce . ____mon . pour que la petite fille devienne fleur tandis que les coquelicots font la révérence au bal des épis de blé de ma conscience
J’étais peu présente sur mon blog, ces derniers temps, car je finalisais un nouveau recueil de poésie.
Je vous en parlerai et vous préciserai le titre !
Voici quelques poèmes extraits du manuscrit.
***
Les montagnes de la vie
un jour deviendront-elles rose ?
Quand cesseront-elles
de jouer aux montagnes Russes
semant pagaille dans nos ardeurs ?
Rose, la couleur préférée des petites filles
du plus près au plus loin du berceau.
Les petites filles ont-elles le choix ?
Elles en ont l’illusion quand elles réinventent
le monde au travers d’un objectif
quand elles ouvrent le diaphragme
à leur guise. Tout
devient simple.
Rose
(comme muni d’œillères)
À la regarder de près
la voie du photographe
n’est pas toujours la plus
radieuse
*
Bien avant que la lumière ne la défroisse
elle s’était emmêlé les pétales
sous le bleu immense du ciel
de tout son jaune terrestre
elle orchestrait la fuite
*
À peine ébauchée
la passion juvénile
s’évanouit
dans un effarouchement soudain
Plus rien
ne s’accrocherait à ce regard
qui détroussait les présences
de stratagèmes audacieux
Sous la coupe vide de la lune
(il eût mieux valu qu’elle fût pleine)
peinaient les étoiles
elles offrirent cortège à celle
qu’elles reconnurent soeur
*
Vivre pour l’hélianthème
et ses petits cœurs dorés
Vivre pour ce qui sème
fragilité au bord des vanités,
quand jaune genêt on respire
et que la nature ouvre le jour
au parfum de muguet,
du moi, de mai.
.
Vos troncs dressés comme les barreaux d’une cage
protectrice
arbres, robustes, au plus sombre du bois
arbres-refuges pour oiseaux innocents
j’éprouve votre liberté à ciel déployé
Oiseaux, couleurs données au souffle
léger
vos chants aux heures clémentes
augurent pour la nichée
un avenir fantastique
que seule la magie
saura exaucer
car rôde la barbarie
On entend son galop monstrueux
éperonné de haine en grand nombre
on l’entend enfler…
Oh, se contenter d’herbes folles
savourer l’odeur du foin
se confier au sommeil
laisser les lucioles tapisser
nos rêves de lumières !
Arbres, jardiniers de nos cœurs
remparts contre nos détresses
vous nous cachez vos tremblements
jusqu’au jour fatal de votre chute
oubliant vos propres tourments
pour nous élever à la hauteur
de notre Paix intérieure
Le poète tente de suivre
vos signes à la lettre
il les tisse en mots
qui toujours restent
de bois tendre
il ajuste sa voix
à celle du silence
son langage est de soie
il lisse les inquiétudes
dans le sens des veines !
Une question demeure
amis enracinés
et je lève les yeux
vers vos branches hautes
moi qui suis liée
aux sables mouvants
des heures et qui ne sais
projeter ma foi plus loin que
ce que mes sens me donnent à découvrir
Vous qui aimez l’homme fragile
d’une tendresse gracile et enveloppante
comment pouvez-vous laisser le loup
se cacher derrière vos troncs
au lieu d’accorder à l’agneau
la transparence. Le conte sur Terre
n’en deviendrait-il pas plus charmant ?
L’œil de l’agneau ignore les barreaux
tandis que l’homme, comme le loup,
suit toujours les lignes de ses ombres
que ses pupilles reflètent.
Il faut lever les grilles
et prendre le risque
d’être dévoré
avant d’espérer
entrer dans la forêt magique
où nous sera accordé
le don d’invisibilité
Les légendes qui courent à travers les bois
ne sont pas des histoires anciennes
le présent se suspend à la traîne
de la robe du temps et rejoint le passé
Seul compte le pas de la seconde en marche
son souffle gorgé du chant vivant du breuil
ouvre la sente où nous nous engageons nus
abandonnant la robe à l’orée de nos frousses
Pitres, dans la lumière
d’Héloïse Combes
Editions Stellamaris
L’objet livre :
Recueil de prose poétique et de poèmes agrémenté de photographies de l’auteur.
Livre de format 200/140mm, couverture souple. Le livre se feuillette facilement et la couverture ne se gondole pas.
Dans ce live :
L’auteur nous interpelle, nous invite à la fantaisie, à l’oubli du côté étriqué de la vie, à l’exploration du champ de la nature, car notre propre nature humaine ne peut vivre que dans la communion avec l’infiniment petit où se désagrège « toute la lourdeur du monde » que nous subissons. Le bruyant, le clinquant, nous détourne de nos besoins essentiels et, pitres que nous sommes, nous contribuons à cette falsification. Assumons ce rôle de pitre et, « d’un éclat fou de rire irrépressible… à toutes jambes filons dehors. » Allons vers plus de lumière.
Mes impressions :
Qu’est-ce qui mérite d’être considéré « sacré » dans nos vies ? L’amour, nos rêves d’enfants, les souvenirs où l’âme d’une maison nous souffle une chaleur sororale, où la route de nuit dans la voiture familiale éveille l’imaginaire d’une nuit fantastique.
L’auteur nous encourage à rassembler les brisures de nos espérances, à laisser dans nos vies une « place à la liberté, aux rires des lutins, aux jeux des petits princes, aux froufrous des étoiles… »
Héloïse devient muse, elle devient chant et, femme caméléon, nous entraîne dans le jeu de la lumière, insaisissable comme elle, comme « l’éclair roux » d’un écureuil qui passe… alors que l’objectif ne fixe que le visage de l’enfant lutin barbouillé de mûres. Les amours se fondent dans la joie de la vie, dans cette profusion de sensations, de couleurs qui rendent notre Terre, nos villes souriantes tant que demeure un jardin qu’un enfant peut explorer.
À la folie des hommes nous ne pouvons opposer que nos fragilités reconnues. L’or de nos cœurs est la seule valeur qui mérite qu’on s’arrête au moment présent, il est la source qui ouvre la porte vers l’infini.
Comme tout élément de la nature, dit-elle, « Je suis un ange. / De chair qui tremble. / De cœur qui bat. D’âme qui rôde. »
Il faut de l’abandon, il faut du lâcher prise pour se mettre au diapason de la nature, pour entendre vibrer notre propre nature, alors que tant de sons discordants brouillent nos perceptions.
« Un poème se révèle lorsque je m’abandonne ainsi à mon corps et au monde dans ce qu’il a de plus sauvage, de plus simple et de plus grand à la fois. Un poème ne naît pas quand je réfléchis, Ou alors il ne serait pas Vivant.»
C’est bien le vivant dans son continuum qu’Héloïse perçoit au moment tremblant du bonheur présent. « Le passé ne meurt pas. Je chante », « Je chante le présent, je chante l’inconnu », « L’inconnu n’effraie pas. L’inconnu est acquis. Je chante. » « Je chante le présent, je chante le futur… Tout cela bat, ici, au cœur de chaque instant, je chante »
Au final :
Ce livre entonne un chant de vie où les absents, aimés (les pierres de notre château intérieur) laissent entendre leurs vibrations, où la nature devient notre alliée. C’est beau et cette lecture peut réveiller le goût du bonheur dans un monde où la désillusion menace de l’étouffer.
Un court extrait :
« Parfois il me semble même que le jour où ma tête aura pleinement accepté l’idée de lâcher prise, de ne réfléchir qu’avec la limpidité de l’eau claire, laissant la juste place à la fusion de mon corps et du ciel, de l’intime et de l’infini, alors j’aurai entre les mains la clef des Mystères. Je serai visionnaire. »
.
Carmen P.
Héloïse chante les textes poétiques qu’elle écrit :
Les instants se succèdent, impriment leurs sensations sur le tableau de nos mémoires. Voici quelques impressions, un peu en vrac, beaucoup en liesse, toujours cueillies au plus près d’un frisson buissonnant de poésie.
Le conscient endormi
repousse l’inconscient
– il trouble son sommeil –
Le monde des songes
ne s’ouvre qu’aux anges.
–
Se laisser porter par le fauve du jour. S’abandonner quand rien ne paraît vraiment nécessaire. Laisser à l’intérieur tous ces poèmes étalés comme autant de jupons inutiles. Fanfreluches jaunies sur lesquelles la poudre azurante n’opère plus aucun miracle, d’ailleurs leur dentelle ne découpe que la grisaille. Passer du froid à la douceur presque printanière ramollit la terre… chaussons nos sabots et privilégions la nature, préférons la boue des chemins à ces mots qui ne se tissent que dans le mental.
–
Les édifices que les saisons assaillent
désolent ma vision des ordonnances humaines
mais lorsque la marée se charge d’une épave
elle ponce la coque autant que mes humeurs
dans l’ensablement méthodique de l’œuvre vive
–
Et si la poésie n’était que l’enfance d’un regard
effleurant le fond de l’insondable qu »elle désire
après une lente gestation de la pensée ?
–
J’ai temps chaviré
les saisons du corps
J’ai temps décillé
les cimes du ciel
que l’espace se défait
de sa brume de chanvre
et m’envoile de ses brins
aux penchants dits sauvages
–
(impressions à la pointe du Grouin)
La vague bondit
aux genoux de la falaise
elle reste de pierre
L’eau coeur que le vent enfle
jamais n’atteindra sa face
–
(Envie de douce harmonie)
Rien de plus précieux
que les instants faits mains
à suspendre au bouton de la porte
avant d’ouvrir – grand – la maisonnée
au vent fleuri du dehors embrassé
Voilà, mon recueil est édité. Je devrais recevoir des exemplaires avant la fin de la semaine.
Le lien vers le site de l’éditeur, même si le commentaire d’une personne que je ne connais pas me défrise quelque peu ! L’art est difficile et la critique si facile !
Un grondement m’interpelle. Est-il chant ? Est-il eau ? Il dévale comme un torrent sa voix cherche une berge plaisante, je ne suis qu’attentive présence.
La parole aux rives trop fières se mêle au chant d’une rivière.
Le bruit des mots est trompeur désirable est la promesse des fleurs que la graine garde en secret. Le monde pense nos rêves, imparfaits.
De la colline des songes un écho de couleurs s’effondre.
La certitude des pierres se disloque jusqu’au chant. Pas une note qui ne se couche sur le velours de lumière où s’étirent les voix, elles créent, géométriques, les jardins du futur.
La parole recherche son ancre au fond des cœurs dormants.
L’âge tendre savoure les heures bleues éphémères sous l’ombrage confidentiel des arbres austères. Plus tard il cheminera en pensées aériennes rayonnant de bonheur auprès de sa belle.
Les mots de cristal tintent ils renouvellent la joie, sans feintes.
La baguette du vent vient bercer le tableau, la nature joue sa symphonie en diagonale. Le passé délivre les hommes des dédales où ils rêvaient d’une vie qui prenait l’eau.
La parole à la spontanéité d’enfance garde nos mots collés à l’existence.
Ressentir la légèreté d’un accent sincère Tressaillir à l’écoute de son mouvement Le voir comme un premier printemps Le vivre comme une étreinte dernière.
Les erreurs s’abandonnent en terre insensée ne subsiste que l’amour accordé aux pensées.
Ce grondement est un chant, il dissous les différences
et les jardins du présent gardent nos rêves parfaits.
Il nous faut mener double vie dans nos vies, double sang dans nos cœurs, la joie avec la peine, le rire avec les ombres, deux chevaux dans le même attelage, chacun tirant de son côté, à folle allure. Ainsi allons-nous, cavaliers sur un chemin de neige, cherchant la bonne foulée, cherchant la pensée juste, comme une branche basse giflant notre visage, et la beauté parfois nous mord, comme un loup merveilleux sautant à notre gorge…
Amis lecteurs, pour vous, j’ai rassemblé ces textes. Ils ont pris source dans mon imaginaire et ont croisé, au fil de la plume, le lit de la poésie qui m’est si chère.
Voici donc Rose Garden, du nom d’un parc de Boston où la première histoire a trouvé son estuaire.
C’est encore vers des jardins que je vous invite à vous aventurer, non pour y cueillir des brins de poèmes, comme dans « Tisane de thym au jardin d’hiver », mais pour y rencontrer des personnages qui portent la vie, du mieux qu’ils le peuvent, et aspirent au bonheur.
Chacune de ces sept nouvelles nous convie à un rendez-vous avec la nature. Cette nature, on la découvre ordonnée et obéissant à la volonté de l’homme, dans un jardin du Massachusetts ; on l’approche, sauvage, sur la Côte bretonne ou sur les Landes de Cojoux ; on s’en extirpe quand un cauchemar nous prend dans le labyrinthe du jardin de l’inconscient.
Avec Rose Garden, la réalité passe une porte, elle pénètre dans un univers où l’animal parvient à communiquer avec l’homme, où la mort poursuit le dialogue avec le vivant.
Nous sommes bien sur Terre pourtant… La nature est le berceau qui reçoit notre espace intérieur. À partir du lieu où la vie nous pose, et après reconnaissance du terrain, nous acceptons d’y greffer notre être, à moins que nous préférions la fuite et de nouvelles explorations.
Rien n’arrête le voyageur dans sa marche silencieuse, il transporte sa mémoire en lambeaux avant de parvenir à reconstruire le tissu de la vie. La trame des histoires est un fil d’Ariane qui porte le sensible jusqu’à l’orée de résonances amies. Puissiez-vous trouver refuge dans ces jardins et cheminer avec plaisir en compagnie de mes personnages, aussi extravagants soient-ils.